Mitt navn er B. Yulian Myklebust
Profil Crédits : avatar APPLESTORM, signature paperback writer Messages : 594 Date d'arrivée à Reine : 08/03/2013 Age : 29 More + Feuille de personnageFeelings: Perdu à combattre le bien et le malAge du perso': 19 pigesRelationship: | Sujet: écris-moi une histoire. Yulian. Sam 28 Sep - 16:54 | |
| U.C - Adresse a écrit:
- Myklebust Yulian
Lagune Rute 45 8390 Reine, Norge - Code:
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<center><div class="boxposte"> [right]le 01/10/1992[/right] [list]Cher(e) Idar,[/list] Te rappelles-tu de nos parcours dans les grands champs de blé de la famille Wilson, de l'odeur d'orge malté qui s'évadait de la distillerie au bord de cette douce rivière où on avait l'habitude d'y tremper nos pieds lorsque le soleil frappait sur la tourbe à la flaveur océan ? Te rappelles-tu de notre enfance au pays du Whisky avant de rejoindre celui de l'aquavit ? Des sentiers de pierres blanches au parcours de montagnes et fjords effarouchés ?......
[right][i]Ton petit frère qui t'aime...[/i][/right]</div></center> |
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| Sujet: Re: écris-moi une histoire. Yulian. Mar 8 Oct - 21:00 | |
| le 14/07/1992 Yulian.
À la radio, ils disent qu'il fait vingt degrés, que l'été commence à exister. Mais ils ont tort à la radio. Il fait froid dehors, il fait froid dedans, partout, il fait froid. Même mon corps a froid, je grelotte, j'ai peine à tenir mon crayon droit. Toute la famille a les poils des bras hérissés. C'est la mort qui a rapporté l'hiver dans la famille. Tu sais que la maison est toujours pareille ? Les mêmes volets, la même odeur, atmosphère, pourtant grand-père est mort. Moi je répète ce qu'ils disent tous. En fait je trouve que les volets ont perdu de leur couleur, que ça sent plus le fantôme qu'avant, comme si grand-père était là sans l'être. Rien que le petit chemin de graviers qui mène à la maison, tu sais ? Il est différent. Comme morbide. Les cailloux, ils ne supportent plus qu'on leur marche dessus, ça s'entend, ils crissent, ils crient. Et le chien, il a l'air mourant, déjà. Après-demain, on met grand-père dans une boîte en bois. Je tâche de revenir de ce voyage plus ou moins vivante.
Ne t'inquiète pas ne t'inquiète pas ne t'inquiète pas ne t'inquiète pas ne t'inquiète pas ne t'inquiète pas ne t'inquiète pas ne t'inquiète plus.la petite Isadora. |
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| Sujet: Re: écris-moi une histoire. Yulian. Mer 16 Oct - 20:49 | |
| le 18/07/1992 Frérot,
Tu savais qu'on pouvait mourir, toi ? Je trouve que c'est vraiment juste qu'un truc d'animal domestique. Les poissons rouges, les chats, les hamsters, les cochons d'inde. Mais les humains, ça meurt pas. Les grands-pères, ça survit. Tu le savais toi, hein ? Au bord de son cercueil, je me suis mise à penser que tu savais. Que t'aurais pu me le dire. Qu'on finit dans une boîte en bois, calé entre deux planches, la tête froide, les yeux vides, le crâne qui résonne de rien. T'aurais pu m'expliquer, t'es un grand frère. Mais je pense que tu pensais pas que grand-père mourrait un jour. Les autres oui, les autres grands-pères, mais pas celui-là. On pensait tous la même chose. On est tombés bien haut de la montagne.
Alors grand-mère pleurait. J’en ai le stylo et le corps qui tremblent rien que d’y penser. Les oncles pleuraient, les tantes pleuraient, papa s’essuyait les yeux, les enfants ne comprenaient pas. Maman ne pleurait pas. Je l’ai regardée, et dans ses yeux, j’ai vu le vide comme je ne l’avais jamais vu avant –tu sais, ce vrai vide, qu’on ne croise que dans le noir des yeux, ou dans le regard des gens qui ont le malheur en eux. Je crois que maman a le malheur en elle, maintenant.
Et moi la honte.
Je suis arrivé devant grand-père, grand-père endormi dans sa boîte de bois, grand-père qui était impressionnant par sa grandeur intérieure, peut-être, mais pas sa carrure de petit bonhomme. Et pourtant devant lui j’ai perdu mes mots. Ils étaient là pourtant, mes mots, nos mots, les miens mêlés à ceux que je t’aurais imaginé dire. Ils étaient prêts à être dits. Et puis ils se sont dégonflés et se sont cassés comme des lâches, ont couru le chemin inverse, des lèvres au fond de la gorge. Ils m’ont laissée toute démunie, un corps sans mots. Une Isadora sans rien à dire à son grand-père. Le héros de son grand-frère. Les mots sont revenus, les salauds, dès qu’on a quitté le cimetière. Je les ai sacrément engueulés. Et foutus à la poubelle, je ne veux plus entendre parler d’eux.
Et je crois un peu que c’est plus ma faute que celle des mots. D’où la honte.
Où crois-tu qu’il est, grand-père ? Je suis sure que tu sais, toi. Il est forcément venu te voir sous sa nouvelle forme, rien que pour te dire ce que tu refuses de m’entendre te dire. Je l’imagine papillon, je l’imagine bien ailé. Papillon, ou oiseau. Mais une créature supérieure et volante.
Maman a réussi à me dire qu’elle ne savait pas quand on rentrait. J’ai articulé ton prénom, les six petites lettres qui te forment, mais elle était déjà repartie dans son malheur.
En attendant, quand même : NE T’INQUIÈTE PAS.
la petite. |
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| Sujet: Re: écris-moi une histoire. Yulian. | |
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