Je ne sentais plus le sol sous mes pieds, tout autour de moi n'était que brouillard, tout était flou, je ne courrais pas, je volais. J'étais super en retard, il n'allait pas du tout apprécier, ok j'avais l'habitude, mais je savais qu'elle allait prendre aussi et c'est surtout pour elle que je m'inquiétais, pas pour moi, j'étais habitué. Instinctivement, sans rien voir autour, je tournais devant une petite maison et montais les marches toujours en courant, avant de stopper net devant la porte, essoufflé, et pris une grande inspiration et m'apprêtais à subir les enfers. J'avais à peine ouvert la porte, que je sentis une main me propulser contre le mur « TU ÉTAIS OU ENCORE TOI ? » Je fermais les yeux, ne surtout pas répondre et attendre que ça passe, avec le temps, j'avais appris les gestes à éviter. Je ne ressentais plus les coups, mon esprit s'évadait pendant les longues minutes que durait mon calvaire. J'avais dix ans et mon corps avait reçu tellement de coup, qu'il en était presque immunisé. Ma tête cognait contre tous les meubles, mais ne semblait pas prête à exploser, je n'avais aucune douleur physique. Je ne savais pas du tout combien de temps tout cela avait duré, je ne comptais plus les minutes avec le temps, mais je sentis soudain mon corps projeté au sol, puis plus rien, je l'entendais juste hurler plus loin, tout est confus dans ma tête, je restais là un moment allongé sur le carrelage froid, espérant que mon corps soit assez meurtrit pour m'endormir à jamais et ne plus subir ça. Mais un cri horrible résonna soudain dans la maison, je sursautais et d'instinct me relevais reconnaissant immédiatement la provenance de ce cri, ma mère, il s'en prenait à elle maintenant ! S'en était de trop, je ne pouvais pas le laisser faire, mais que faire à dix ans face à un homme de la taille d'un arbre, complètement ivre ? Je déboulais dans la cuisine, le retrouvant à moitié allongé sur elle, ses mains autour de son cou, il allait la tuer ! Sans réfléchir, je fonçais sur lui et le rouais de coups pour le faire lâcher mais c'était bien évidemment inutile, maigre comme je l'étais, il ressentait à peine mes coups et me projeta une nouvelle fois à terre en un coup de main. Je tentais de me relever, mais mon corps était trop fatigué par les trop nombreux reçu dans la soirée, je vis ses mains serrer plus fort le cou de ma mère. A cet instant précis, je ne voulais qu'une seule chose, qu'il meurt, qu'il disparaisse à jamais de notre vie. Je me relevais à moitié, bien trop faible pour me tenir debout, mes larmes roulaient sur mes joues ma brouillant la vue, la haine et la rage envahissant mon cerveau, mon regard presque aveuglait par les larmes, se fixait sur l'homme qui essayait de tuer ma mère. La scène dura plusieurs longues minutes puis sans prévenir, il sortit de la maison en claquant la porte, je savais qu'il allait revenir, il revenait toujours.

Mon corps se raidit en position assise tandis qu'un cri déchirant jaillit de ma gorge, raisonnant dans la pièce au rythme de mes tremblement, les images encore fraîches dans ma tête, je tente de reprendre le contrôle, priant intérieurement pour qu'il n'ai pas entendu, qu'il ne vienne pas, mais en une fraction de seconde, il est là, ses bras si minces, mais pourtant musclés entourent déjà mes épaules, ma tête repose sur sa poitrine, je me hais, je hais ces maudits cauchemars, je hais cette situation qui se produit pourtant bien trop souvent, et chaque fois il est là, la chaleur de son corps près du mien me rassure et m'apaise rapidement, et je sais que c'est n'est pas normal, ce n'est pas à lui de ma rassurer mais à moi, c'est mon rôle et je tente l'assumer depuis que nous avons tout perdu, mon petit frère est tout ce qu'il me reste.
Nous avions pourtant réussi à nous en sortir ma mère et moi, elle avait eu le courage de quitter mon père, la chance de se remarier avec un homme bien, avoir deux enfants avec lui, lui que je considérais comme mon père, mais tout a basculé l'année de mes 15 ans où mon père biologique a débarqué un jour où je n'était pas là, il a tué ma petite soeur, et tenter de tuer ma mère mais cette fois, je ne l'ai pas laissé faire, non cette fois, j'ai agis, je ne suis pas revenu à temps pour sauver ma soeur mais je l'ai fais pour ma mère, je n'ai pas hésité lorsque j'ai vu mon père, les mains serraient autour de son cou, le couteau qui traînait sur le bar de la cuisine finit dans la gorge de mon père biologique.
A 30 ans, je traîne mon âme meurtrie, bossant dur chaque jour, dans le seul but de voir ma mission menée à bien : voir mon frère réussir sa vie et être heureux. Ma mère étant en hôpital psychiatrique, mon beau-père trop occupé avec ses voyages d'affaire, la maison devenait un endroit insupportable, c'est pourquoi, j'ai pris un appartement et emmené mon frère Aaslin avec moi.