Ma vie n’a rien de fabuleux. Elle n’est pas à plaindre non plus. J’ai la chance d’avoir des parents aimants. Hanna est ma mère, femme au foyer depuis que je suis née. Elle a veillé à mon éducation et a cherché à me transmettre sa passion pour la musique classique. Le piano deviendra mon meilleur ami dès mes trois ans. Bien sûr, mes débuts d’enfant était chaotique et pourtant, je trouvais le son de cet instrument absolument fabuleux. Doux, rond, transpercent. Pas un jour se passait sans que je passe dessus à taper fièrement sur les touches blanches. Non. Pas les touches noires car je pensais que si elles étaient de cette couleur c’était parce qu’elle ne marchait plus et en vérité, elle me faisait peur. Eldar est mon père. Un chasseur. Un métier qu’il tient de son père, qu’il tient de son père, et cetera. Vous l’avez bien compris, une affaire de famille. Nous sommes des amoureux de la nature. La maison familiale se trouvait dans un petit coin isolé de Reine. Nous n’aimons pas être dérangés.

Ma mère a toujours été une personne sociable, douée en relationnel. Le véritable point fort de la famille puisque mon père était aussi accueillant qu’un grizzly énervé. Quant à moi, j’étais comme lui, je détestais les autres. Je ne les comprenais pas et tout ce que j'en avais compris, c'était qu'ils jouaient tous un jeu stupide. Celui de faire croire qu’ils étaient les plus riches et les plus heureux du monde. Société de consommation. Ça s'appelle comme ça, paraît-il.

Disons que mes années scolaires ont été très différentes. Ma petite enfance s’était relativement bien passé. Nature et animaux, un intérêt commun entre chacun d'entre nous. L’aventure nous faisait rêver, partir n’importe où et n’importe comment. Nous avions des petites ailes dans le dos, nous vivions pour être libres, pour crier à plein poumons, pour tomber, pour rire à en pleurer. On détestais les règles. Parfois, on s'imaginait la contrer, comme de braves chevaliers. Les règles, c'était nos parents et nous le savions. Pourtant on avait jamais penser à leur faire du mal pour que les règles cessent d'exister. Nous aimions nos parents et nous les respections comme s'ils étaient des dieux. Nos petits dieux aux coeurs tendres. Au collège, toute cette mentalité s'effaça pour laisser place à une rébeillion écoeurante. Être cool. Défier ceux qui nous avait élevé dans l’amour. Les blesser. Leur faire du mal. Faire tout ce qu’ils ne nous avaient pas appris et faire l'interdit. Un véritable choc dans mon coeur d'enfant. Cette vision du monde me donnait du dégoût. Tellement de dégoût que j'en étais devenue cette fille étrange qu’il ne fallait pas approcher. J’étais dangereuse parce que je ne voulais pas qu’ils m’influencent. Les garçons essayaient de me charmer. Ils me trouvaient jolie. Certains voulaient voir mes seins, d’autres me traiter de pute parce que je ne leur donnais pas assez d’importance. Leur petit jeu ne durait pas longtemps parce que je ne pouvais m’empêcher d’essayer de leur arracher les yeux de la tête. Après quelques renvois et de nombreuses punitions, j’ai pu terminé mon année tranquillement et décrocher mon diplôme. Mes parents étaient fiers. Surtout mon père. Il adorait avoir une petite guerrière dans la famille. Ma mère quant à elle, avait un peu plus de mal à accepter mon côté sauvage.

Aujourd’hui, je passe la plupart de mon temps à me perfectionner au piano, à lire, à découvrir des endroits isolés et abandonnés, à respirer de l’air de nos forêts, à me cultiver aussi, à vrai dire j’éprouve une étrange curiosité pour les arts. Je les perçois comme de grands casse-tête chinois. Leurs mystères m’intriguent et c’est bien plus fort que moi, j’ai besoin de les découvrir. J’évite la ville, même si ce n’est pas facile. Les boîtes de nuit, l’amitié, les drogues, sont des choses qui me sont totalement étrangers. Parfois et c’est même une petit folie que je m’accorde, lorsque je vais voir quelques concerts classiques, pop ou rock. Je me fais discrète car dans la ville, je ne suis qu’un fantôme qui erre et rien de plus.