C'est là depuis des heures. Insolites, imparfait à son sens, tangible et pourtant si bien installé. C'est là sans que tu puisses trouver un remède d'y remédier, sans que je puisse trouver quoi que ce soit pour y changer. C'est là depuis longtemps, depuis un temps où on pensait ne pas le voir présent, c'est là comme si ça voulait pas partir, comme si ça resterait pour l'éternité. Je la poserais même pas cette question à laquelle tu répondras à côté. C'est là même sans qu'on le voit, c'est là tout le temps, tapis dans la pénombre de ta chambre quand tu ne veux jamais plonger dans e noir, c'est là dans la mienne remplit de dessin qui à la nuit tomber me ronge le ventre comme des monstres d'enfant, c'est la tous le temps, partout à chaque instant. On pense l'avoir brisé, on pense... nous ils pensent qu'on peut s'en tirer. Pas si mal ? Qui irait se complaire dans cette obsolète réalité ?! Pas si mal, c'est se que l'on dit quand on veut nier la réalité. On est ni "pas si mal" ni quoi que ce soit. On y changera pas, et on continuer d'accepter cette masse rampante, agonisante, qui à la fin devient plutôt rassurante. C'est présent à chaque instant, même entre nous, mais ça c'est tellement différent. On se ressemble pas. On s'ressemble vachement. Ça dépend des jours. Ça dépend du temps. J'étouffe même pas, je peux pas vouloir m'en tirer. Je reste là à observer, à laisser ce silence continuer de s'abattre sur la ville par la neige, sur notre vie par le passé.

Je rentre de cours et toi t'es toujours pas là. T'es jamais là quand je rentre. Pas souvent là quand je pars, t'es souvent absent. Et comme toujours j'ai pas grand chose à faire après les cours, pas de devoirs aujourd'hui. J'ai aperçu entre aperçu papa aujourd'hui, mais je te le dirais pas. Je l'ai dis à Niko, on en a vaguement parlé, entre deux mots, entre deux trucs. Il a pas dit grand chose, je voulais pas qu'il dise grand chose. J'sais pas pourquoi je l'ai dis... sans doute parce qu'il aurait deviné... où alors peut-être qu'il sait à quoi ressembler la voiture de mon père, à force de me voir me tendre légèrement quand je vois une voiture identique surgir sur la route... Mais je te le dirais pas. Trop de soucis pour toi, j'suis pas stupide, j'veux pas que tu sois toujours là à t'en faire.T'en faire trop pour moi et pas assez pour toi. J'veux pas dessiner, pas ce soir... je garde ça pour plus tard. Parce que je sais que ce soir je dormirais pas, pas après l'avoir vu, comme toujours. Alors je dessinerais, et que mon bateau, sur le mur gauche, il est presque terminé. Je veux pas le finir avant cette nuit. Cette nuit, j'en aurais besoin. Dehors vu l'heure il fait nuit, je prend mon sac, un thermo remplit et je ressors, je longe les routes, froide, tueuses... Et je marche vers les docks, fasciné par les étoiles, les observant là... veillant au dessus de nous comme un dieu regardant la bouche de l'enfer. J'suis plutôt heureux aujourd'hui, vraiment. Je me dis que je dois penser à te le dire... j'sais bien que mine de rien, quand je place ça parfois dans une conversation, ça te fait du bien.. ça nous fait du bien, hein ?! Je remonte le chemin jusqu'aux docks, et je m'assois sur un petit muret, regardant au loin le nuit se confondre avec le paysage. Les gens s’affairer... Je te reconnais, je te laisse travailler, terminé. Puis je te laisse me rejoindre, parfois oui j'aime bien te rejoindre, ça me change les idées, mais je crois que ça tu l'as un peu trop pigé. Vu le silence qui s'amène sur notre chemin de retour, j'sais bien que même sans le dire t'as un peu capté. Alors je brise le silence, j'me presse de parler. J'ai passer une très bonne journée.Et toi ? Les gens te disent parfois pas expressif, mais sacre-bleu se que tes yeux disent tous, mais bon je les laisse parler. Là j'vois bien que t'es surprit, t'es pas dupe, puis que tu t'sens moins coupable par la suite... un peu moins que d'habitude j'veux dire. Alors j'enfonce mes mains dans mes poches, un peu soulagé d'avoir réussis ça ce soir.